Article N° 8150

CIVISME -

Et si on pensait un peu aux autres ?

Abderrahim Derraji - 14 juillet 2025 07:20

Le Maroc connaît, depuis quelques années, une véritable révolution en matière d’infrastructures. De nombreuses villes se transforment en chantiers à ciel ouvert, et les résultats sont souvent impressionnants. Certaines d’entre elles sont aujourd’hui méconnaissables tant elles ont évolué. L’on ne peut qu’espérer que cette dynamique positive profite à l’ensemble du Royaume, y compris aux petites localités où les attentes sont immenses.
 

Mais hélas, les mentalités peinent à suivre, et l’incivisme résiste farouchement. Il suffit de s’aventurer dans l’arrière-pays pour s’en rendre compte : autant les foyers sont impeccables, toujours prêts à accueillir l’invité de passage, autant les espaces publics sont souvent négligés, voire dégradés, surtout en période estivale. Quant à nos belles plages, les estivants laissent derrière eux un spectacle désolant : bouteilles et sachets plastiques, restes de nourriture… Une scène qui se répète chaque soir, tel un rituel immuable.
 

Heureusement, certaines villes montrent l’exemple. Au nord du pays notamment, des citoyens veillent avec fierté à la propreté de leurs ruelles, et le résultat est tout simplement magnifique. Mais ces efforts restent isolés, malgré des campagnes de sensibilisation comme l’initiative «Plages Propres» de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement connue sous le nom «Boundif», qui incite depuis plus de deux décennies les estivants à devenir exigeants quant à la qualité des eaux de baignade et à la propreté des plages.
 

Pourtant, notre religion – à laquelle nos concitoyens sont profondément attachés – nous enseigne clairement que «la propreté fait partie de la foi», selon les paroles mêmes du Prophète - prière et paix soient sur lui.

 

Alors, pourquoi ce décalage si criant entre nos croyances et nos comportements ?

 

Au fond, c’est une forme d’égoïsme qui s’exprime ici. Une attitude du type : «après moi, le déluge». Cet égoïsme se manifeste aussi sur nos routes, dans notre manière souvent chaotique et agressive de conduire, loin du civisme et du fair-play qui règnent sous d’autres cieux.
 

Et ce travers ne s’arrête pas à la vie publique : il gangrène aussi nos professions. Prenons la nôtre, autrefois reconnue pour la probité et l’éthique de ses membres. Aujourd’hui, le désordre s’est installé, comme un cancer dont les métastases se propagent un peu partout.
 

Nous rêvons tous d’un Maroc moderne et rayonnant, d’un pays exemplaire sur tous les plans. Mais ce rêve ne se réalisera que si nos actes sont à la hauteur de nos ambitions. L’avenir du Royaume dépend moins de nos grands discours que de nos petits gestes du quotidien, de notre capacité à penser collectif plutôt qu’individuel.
 

À ceux que ce message laisse indifférents, on ne demande pas d’en faire plus qu’il ne faut — seulement de ne pas nuire. De ne pas gâcher les efforts sincères de celles et ceux qui, chaque jour, se démènent pour offrir une image digne et rayonnante de notre pays.

Source : PharmaNEWS